L’hypertension artérielle (HTA) demeure l’une des principales préoccupations de santé au Sénégal et partout dans le monde, touchant une proportion significative de la population. Cette pathologie, souvent appelée le « tueur silencieux« , peut entraîner des complications graves si elle n’est pas traitée et gérée correctement. En effet, l’HTA est un puissant et redoutable facteur de risque cardio-vasculaire. Elle multiplie par 7 à 9 le risque d’AVC, par 5 le risque d’insuffisance cardiaque, par 3 celui de crise cardiaque.
C’est la maladie non transmissible (MNT) la plus fréquente. Dans le monde, près de 1,5 milliard de personnes sont hypertendues, avec environ 10 millions de décès. En Afrique, cette prévalence est de 15 à 35% selon les pays.
Dans cet article, nous plongeons dans le contexte sénégalais pour vous fournir un aperçu approfondi de l’HTA et de sa gestion.
Qu’est-ce que l’Hypertension Artérielle ?
La tension artérielle est la pression du sang dans les artères. Elle évolue selon l’activité du cœur, elle est dite pression artérielle systolique (PAS) quand le cœur se contracte et pression artérielle diastolique (PAD) quand le cœur se relâche. Elle est mesurable grâce à un tensiomètre qui l’exprime en millimètres de mercure (mmHg). La tension artérielle est normale si :
◗ La PAS est inférieure à 140 mmhg
◗ La PAD est inférieure à 90 mmhg
L’hypertension artérielle est une élévation anormale et durable de la tension artérielle avec une pression artérielle systolique (PAS) supérieure ou égale à 140 mm Hg et/ou une pression artérielle diastolique (PAD) supérieure ou égale à 90 mm Hg, par la mesure clinique de la pression artérielle en consultation dans une structure sanitaire après avoir respecté les conditions de mesure chez l’adulte de plus de 18 ans.
La tension artérielle est la pression du sang dans les artères. Elle évolue selon l’activité du cœur.
Prévalence au Sénégal : Un Aperçu Alarmant
Au Sénégal, selon l’enquête sur les facteurs de risque communs aux maladies non transmissibles (STEPS) réalisée en 2015 chez les personnes âgées de 18 à 69 ans, une personne sur trois est hypertendue.
Dans certaines zones, la prévalence est d’un niveau très élevé chez certaines catégories de la population. Par exemple à Saint Louis en 2010, la prévalence de l’HTA chez les sujets âgés de plus de 18 ans était de 46%, et 49% à Guéoul en 2012 chez les sujets âgés de plus de 36 ans. Ces statistiques inquiétantes soulignent la nécessité de la sensibilisation, du dépistage précoce et de la gestion efficace de l’HTA.
Les facteurs de risque de l’HTA
Plusieurs facteurs de risque peuvent contribuer au développement de l’HTA, notamment :
- La notion d’HTA familiale : le risque de survenue d’HTA est plus important lorsqu’il existe un ou des membres de la famille qui sont hypertendus : le père, la mère, les frères et sœurs.
- Une alimentation trop riche en sel, sucre et gras : favorise la survenue de l’hypertension artérielle.
- L’obésité ou surpoids : l’excès de masse grasse représente un risque
- Le tabac favorise la survenue de l’HTA
- L’âge supérieur à 40 ans : plus on est âgé, plus il y a de risque d’avoir une hypertension artérielle
- La sédentarité : le manque d’activité physique régulière augmente le risque de devenir hypertendu
- Le diabète : les sujets diabétiques présentent un risque important de devenir hypertendu
Les signes évocateurs de l’HTA
Les signes évocateurs de l’HTA sont souvent silencieux, sans aucune manifestation clinique. C’est pourquoi cette affection est aussi appelée « le tueur silencieux » ou « tueur de l’ombre ». Néanmoins, il peut arriver que certains signes se manifestent comme :
- Des maux de tête qui peuvent siéger d’un côté de la tête, au niveau frontal ou de la nuque, parfois avec des battements ou pulsations aux tempes ;
- Des vertiges, parfois simple lourdeur ressentie dans la tête, parfois impression d’un environnement qui tourne ;
- Des palpitations ;
- Des bourdonnements d’oreille qui se manifestent par la sensation de bruits perçus à l’intérieur d’une seule ou des deux oreilles ;
- Une vision floue qui se manifeste par la perception d’un brouillard visuel, parfois une sensation de mouches volantes ou de petits éclairs lumineux ;
- Des douleurs thoraciques.
Un ou plusieurs de ces signes suffisent pour orienter la personne à la structure sanitaire la plus proche.
Les complications de l’HTA
L’HTA non contrôlée peut entraîner des complications graves, notamment atteindre les organes vitaux. Ces complications peuvent :
- atteindre le cœur : la survenue d’un essoufflement inhabituel (difficulté respiratoire), pour des efforts qu’on faisait sans grande difficulté, tel que mettre ses habits, prendre la douche, etc…doit faire penser à une complication cardiaque appelée l’insuffisance cardiaque. Cette dernière est une faiblesse du cœur qui n’arrive plus à nourrir les organes (donner suffisamment de sang).
- atteindre le cerveau : il s’agit de l’accident vasculaire cérébral. L’AVC se manifeste par la survenue brutale d’une difficulté à parler ou à mobiliser un bras ou une jambe. Il faut y penser même si ce signe ne dure pas longtemps et revient à la normale après quelques minutes ou quelques heures.
- atteindre les reins : Il faut savoir y penser lorsque l’hypertendu constate
une fatigue importante, un visage enflé avec gonflement des paupières le matin,
des œdèmes au niveau des pieds et jambes. A un stade plus avancé, on pourra
constater une diminution de la quantité journalière des urines.
- atteindre les yeux (atteintes oculaires) : baisse de la vision ou douleur
aux yeux.
La présence d’un de ces signes atteste une complication grave et nécessite le recours
précoce aux soins.
Gestion de l’HTA : Défis et Solutions
Le Sénégal fait face à des défis tels que l’accès limité aux soins de santé dans certaines régions et le manque de sensibilisation sur l’HTA. Cependant, des initiatives telles que la plateforme SAYTU TENSION, lancée par le Ministère de la Santé avec des partenaires internationaux, visent à sensibiliser, dépister et prendre en charge les cas d’HTA.
Heureusement, des mesures peuvent être prises pour prévenir et gérer l’HTA comme:
- Adopter un mode de vie sain : une alimentation moins grasse, moins sucrée et moins salée, la pratique d’une activité physique régulière, l’arrêt du tabac, la modération dans la consommation d’alcool et la gestion du stress sont essentiels.
- Surveiller sa pression artérielle : Des contrôles réguliers chez un professionnel de la santé sont importants pour détecter toute hausse de la pression artérielle.
- Suivre les recommandations médicales : Si l’HTA est diagnostiquée, il est crucial de suivre les traitements prescrits.
Comment prendre la tension artérielle ?
- Les conditions de mesure de la tension artérielle
La mesure de la tension artérielle se fait dans les conditions ci-dessous qui doivent être rigoureusement respectées :
- Disposer d’un bon appareillage (un tensiomètre électronique homologué)
- Le patient doit être idéalement:
- Assis avec le dos soutenu à défaut couché ;
- Jambes décroisées ;
- Détendu et au calme depuis cinq minutes et sans parler ;
- Vessie vide ;
- Loin d’un repas, de prise d’alcool, de tabac, de café.
- Prise de la tension avec le tensiomètre électronique homologué
Le tensiomètre électronique permet une mesure semi-automatique simplifiée et facile. Il est fiable et la personne qui prend la tension artérielle n’a aucune influence sur la mesure. Après avoir respecté les conditions de mesure, il faudra juste appuyer sur le bouton ON/OFF ou POWER de l’appareil. Au bout de quelques secondes, l’appareil indique alors les chiffres de la pression artérielle systolique (PAS), la pression artérielle diastolique (PAD) et la fréquence cardiaque (pouls).
L’automesure est effectuée à un horaire régulier, selon la règle des 3 :
- 3 fois le matin à une minute d’intervalle, avant le petit déjeuner et avant la prise
des médicaments ;
- 3 fois le soir à une minute d’intervalle, avant le coucher ;
- 3 jours de suite.
Les chiffres tensionnels obtenus seront notés sur une feuille. La moyenne des 18 mesures sera calculée.
- La moyenne de PAS = Somme des 18 mesures de PAS/18
- La moyenne de PAD = Somme des 18 mesures de PAD/18
La valeur-seuil de l’automesure définissant l’HTA = 135/85 mm Hg
L’HTA est une réalité préoccupante au Sénégal, mais il existe des moyens de la prévenir et de la gérer efficacement. La sensibilisation, l’éducation et un engagement collectif pour une meilleure santé cardio-vasculaire sont des clés essentielles pour lutter contre ce « tueur silencieux ». En comprenant les risques et en adoptant un mode de vie sain, chacun peut contribuer à réduire l’impact de l’HTA sur la population.